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La Renault Zoe figure parmi les pionnières du marché des véhicules électriques (source : larevueautomobile.com) |
Un récent rapport d'Alpiq, géant européen actif dans le domaine de l'énergie, prévoit une croissance du marché des véhicules électriques en Suisse d'ici 2020. Ce rapport tombe au moment où la Suisse annonce vouloir réduire sa dépendance énergétique aux énergies fossiles.
En Suisse, les énergies fossiles représentent actuellement 56% du total de l'énergie consommée tandis que l'énergie nucléaire (25%) et les ressources indigènes (19%) représentent le solde. Parmi les ressources indigènes, l'hydroélectricité représente 11.5% de l'énergie totale.
En raison de la rareté des ressources, le prix du baril de pétrole devrait croître significativement d'ici 2030, ce qui devrait favoriser le développement des ressources parallèles. A titre informatif, le baril s'échange actuellement à 94 dollars contre près de 200 dollars projeté en 2030.
La Suisse fait actuellement face à un double défi en terme énergétique : réduire sa dépendance aux énergies fossiles et réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES).
Dans cette optique, la Confédération a défini une stratégie énergétique qui repose sur 4 grands axes : améliorer l'efficacité énergétique et gérer la hausse de la demande, augmenter la part des énergies renouvelables, remplacer les actuelles centrales nucléaires par des centrales électriques et renforcer la coopération internationale.
La Suisse mise beaucoup sur l'électricité (énergie transformée) qui ne rejette quasiment pas de CO2 lors de la transformation des énergies primaires en électricité. La problématique consiste à électrifier le territoire national de manière intelligente en augmentant l'efficience de cette transformation. La Confédération souhaite axer ses efforts dans deux domaines en particulier :
- Populariser l'utilisation de pompes à chaleur et pompes à refroidissement dans le domaine de la construction
- Augmenter le parc automobile électrique privé en Suisse
Ces dernières années, il a été constaté une augmentation des émissions de CO2 dans le transport routier (+14.3% entre 1990 et 2007) alors qu'une diminution a été constatée dans les secteurs de l'industrie et de l'habitation, débouchant globalement sur une stabilité des émissions de CO2 (39 millions de tonnes de CO2 par an).
La Confédération a donc décidé de focaliser sa politique énergétique sur le transport routier qui représente 44% du total des émissions en Suisse (en 2007), en particulier sur le transport privé qui représente près de 32% des émissions totales.
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Le transport est un secteur qui nécessite de plus en plus d'énergie |
Pour cela, elle souhaite tenir compte de l'ensemble de la chaîne énergétique des véhicules ("Well-to-Wheel"), constituée de leur production ("Well-to-Tank") et de leur utilisation ("Tank-to-Wheel"). Elle va ainsi tenir compte de l'énergie primaire utilisée pour la production du véhicule et pour la production de l'électricité nécessaire à son fonctionnement.
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L'utilisation de pétrole dans la production
d'électricité permet tout de même d'améliorer
l'efficience énergétique générale d'une voiture |
Par exemple : si la production d'électricité (pour faire fonctionner le véhicule) nécessite du pétrole pour sa production ("tank-to-Wheel"), la chaîne finale "Well-to-Wheel" sera plus efficiente que dans le cas d'un véhicule 100% essence, car la transmission des moteurs électriques nécessite environ 4 fois moins d'énergie que celle des moteurs à combustion (efficacité : 80% contre 20% environ). Ceci permettra d'augmenter l'efficacité globale de la chaîne énergétique du véhicule électrique qui passera de 15 à 40% environ.
Ces améliorations dépendent bien sûr de l'efficacité des centrales productrices d'énergies. L'utilisation des structures européennes actuelles permettrait de réduire les émissions d'un véhicule traditionnel (à 80gCO2/km contre 160gCO2/km actuellement). En tenant compte que l'intensité carbone moyenne en Europe est actuellement de 351.6g/kWh pour la production électrique et que ce chiffre devrait passer à 130g/kWh d'ici 2030, cela signifierait qu'une voiture consommerait 30gCO2/km en moyenne à l'horizon 2030.
Quand on sait que le mix de production électrique suisse est très bas en comparaison européenne (environ 34.4gCO2/kWh contre 351.6gCO2/kWh) et que le mix de consommation est constitué à 21% d'exportations européennes, on obtient un mix de consommation suisse de 100.6gCO2/kWh ce qui est très bas en comparaison européenne.
Tous ces éléments permettent un constat simple : l'utilisation de véhicules électriques permettrait de réduire drastiquement les émissions de CO2 de la Suisse, bien en deçà des objectifs fixés de 130gCO2/km par kilomètre en moyenne pour le parc automobile suisse d'ici 2015.
L'utilisation de véhicules électriques permettrait de diminuer les polluants atmosphériques émis en ville tout en évitant les nuisances sonores urbaines. Cette augmentation du parc automobile électrique contribuerait à l'ambitieuse politique climatique et énergétique de la Suisse qui vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone de 10% d'ici 2020.
Alpiq table sur un parc automobile suisse constitué à 15% de véhicules électriques d'ici 2020. Il reste encore beaucoup de travail lorsqu'on sait que le parc automobile neuchâtelois est actuellement composé d'un seul véhicule 100% électrique et de 782 véhicules hybrides.
Retrouvez l'ensemble du rapport
ici.